Chapitre 37

Richard se tourna vers moi, vêtu en tout et pour tout de son pantalon de cuir et de ses bottes. Marcus avait demandé qu’ils ne se déshabillent pas complètement, sous prétexte d’épargner la dignité d’un vieil homme. Foutaises. Il y avait dans l’air quelque chose qui ne me plaisait pas, comme si Marcus avait su ce que Richard préparait et qu’il avait pris ses dispositions pour le contrer.

— En tant qu’Ulfric reconnu, c’est à Marcus que revient le droit de choisir la forme sous laquelle nous nous battrons, annonça Richard.

— Quelle forme a-t-il choisie ?

Il leva une main devant mon visage.

— Touche ma main.

Il avait dit ça sur un ton bien sérieux pour une requête aussi modeste. J’effleurai le dos de sa main.

— Non, agrippe ma paume.

De mes doigts, j’enveloppai la partie inférieure de sa main. Avant que je puisse le dévisager ou poser une question, je sentis son énergie emplir sa main comme de l’huile imbibant la mèche d’une lampe. Sa peau ondula sous mes doigts. Je sentis ses os s’allonger, son corps céder comme si ce qui le confinait dans les limites de sa peau, de sa chair et de ses os venait de se dissoudre. C’était presque comme s’il allait s’éparpiller hors de lui ainsi que je l’avais fait quelques minutes plus tôt, sauf que ça n’était pas son essence qui se déployait. C’était son corps.

Il leva son autre main, et je la pris. J’entrelaçai mes doigts avec les siens et sentis ses os forcer contre ma peau, regardai ses griffes se former alors que sa chair se remodelait comme de la glaise. Aussi lointaine qu’un cri étouffé, j’eus la certitude que j’aurais dû être effrayée ou dégoûtée. Le pouvoir se déversait de ses mains qui se transformaient jusque dans les miennes, coulait entre nous comme un feu froid.

Il s’arrêta lorsque ses mains furent devenues des griffes humaines qui auraient pu me tailler en pièces. Son pouvoir ne s’évapora pas brusquement comme s’il avait appuyé sur un interrupteur. Ce fut plutôt comme un robinet qu’on éteint, et dont le flux diminue progressivement jusqu’à la dernière goutte.

J’étais à genoux, et je ne me rappelai pas m’y être mise. Richard aussi était agenouillé face à moi, les mains serrant toujours les miennes. Il me fallut deux tentatives avant de réussir à articuler :

— Comment peux-tu interrompre ta transformation en plein milieu ?

Il retira prudemment ses mains des miennes, et je frissonnai quand la pointe de ses griffes effleura ma peau.

— Contrôler la transformation, c’est ce qui différencie les loups des moutons, répondit-il.

Je mis une seconde à comprendre qu’il venait de faire une plaisanterie. Il se pencha vers moi et chuchota :

— Si je perds le contrôle pendant la bataille, ou si j’ai le dessous, je me transformerai complètement. Je veux que tu viennes me toucher si je te le demande.

— Pourquoi ?

Son souffle était chaud contre ma joue. Il m’enveloppa de ses bras, m’attira dans le cercle de son corps, ses griffes jouant sur les lanières de cuir de mon costume.

— Je veux que tu sentes la vague de pouvoir. Que tu saches comment ça pourrait être entre nous. (Ses bras se raidirent.) Si je perds, tu pourras chevaucher le pouvoir et t’en servir pour faire sortir mes loups d’ici. Les autres tueront tous ceux dont ils mettent la loyauté en doute.

Je m’écartai suffisamment pour voir son visage.

— Comment puis-je utiliser le pouvoir pour faire ça ?

— Tu le sauras. (Il déposa un doux baiser sur mon front.) Sauve-les, Anita. Promets-le-moi.

— Je te le promets.

Il se releva, et mes mains glissèrent le long de son corps. Je saisis une des siennes. Ses griffes étaient aussi dures, solides et irréelles qu’elles en avaient l’air. J’avais senti son corps se transformer, et pourtant, alors que je levais les yeux vers son séduisant visage et ses mains monstrueuses, je ne m’y faisais toujours pas. Ce qui ne m’empêcha pas de m’accrocher à lui. Je ne voulais pas le laisser partir.

— Attention aux griffes, Anita. Je ne suis plus sous ma forme humaine.

Il voulait dire qu’une égratignure risquait de me contaminer. Ou peut-être pas : qui pouvait le savoir ? Mais cela suffit à me faire lâcher prise. Aussi merveilleuse que soit son énergie, je n’étais pas encore prête à renoncer totalement à mon humanité.

Richard me toisait de toute sa hauteur, et dans ses yeux, il y avait un monde de choses non dites, de choses non faites. J’ouvris la bouche et la refermai.

— Est-ce que tu contrôles aussi bien toutes les autres parties de ton anatomie ?

Il sourit.

— Oui.

J’avais tellement la trouille que je ne pouvais plus parler. Je venais de faire ma dernière plaisanterie. À présent, il ne restait plus que la vérité.

Je me relevai, prenant appui sur ses jambes, et embrassai le dos de sa main. Sa peau était toujours aussi douce : elle avait toujours le goût et l’odeur de Richard, mais les os en dessous étaient ceux de quelqu’un – ou de quelque chose – d’autre.

— Ne te fais pas tuer !

Il sourit. Dans ses yeux, il y avait une tristesse insondable. Même s’il remportait cette bataille, cela lui coûterait très cher. Il considérerait ça comme un meurtre, aussi justifié soit-il. S’accrocher à sa moralité, c’est bien beau, mais c’est le meilleur moyen de se faire tuer.

Raina donna à Marcus un baiser d’adieu, pressant son corps si fort contre le sien qu’on aurait dit qu’elle essayait de le traverser, de l’écarter comme un rideau pour passer de l’autre côté. Puis elle le repoussa avec un profond rire de gorge, le genre de rire qui vous fait tourner la tête dans les bars. Un son joyeux, légèrement provocant. Elle me regarda depuis l’autre extrémité de la clairière, le rire pétillant toujours dans ses yeux, sur son visage. Ce regard suffit. Je savais qu’elle me tuerait si elle en avait la possibilité.

Comme je pensais plus ou moins la même chose d’elle, je lui adressai un hochement de tête et un salut. Nous verrions bien laquelle de nous deux serait morte au lever du jour. Ce serait peut-être moi, mais si j’avais mon mot à dire, Raina aussi figurerait quelque part sur la liste des victimes. Je pouvais en faire le serment.

Marcus leva ses mains griffues au-dessus de sa tête et pivota lentement sur lui-même.

— Deux alphas vont se battre pour vous. Un seul de nous quittera ce cercle vivant. Un seul de nous vous nourrira ce soir. Buvez notre sang, mangez notre chair. Nous sommes la meute. Nous sommes les lukoi. Nous ne faisons qu’un.

Jason rejeta sa tête en arrière et hurla, si près de moi que je sursautai. D’autres gorges poilues lui firent écho, et même des gorges humaines se joignirent au chœur. Seule au milieu de la meute, je gardai le silence.

Quand le dernier écho se fut dissipé entre les collines boisées, Marcus déclara :

— Ainsi, c’est la mort entre nous, Richard.

— Je t’ai offert la vie. Tu as choisi la mort.

Marcus sourit.

— Je suppose que oui.

Il se jeta directement sur Richard, sans feinter, et si vite que mon regard humain ne put le suivre. Richard plongea à terre, roula sur lui-même et se releva d’un bond. Trois minces lignes sanglantes lui barraient l’estomac. Marcus ne lui laissa pas le temps de se reprendre. Il couvrit la distance qui les séparait comme un mauvais rêve. J’avais déjà vu des lycanthropes se déplacer, et je les avais trouvés rapides, mais la vitesse de Marcus me coupait le souffle.

Il abattit ses griffes sur Richard, forçant celui-ci à reculer vers le bord de la clairière, à l’endroit où se tenait Raina. Richard n’était pas blessé, mais l’enchaînement des attaques adverses l’empêchait de riposter. Pour l’instant, il ne pouvait que se défendre et esquiver.

J’avais une question à poser. Je baissai les yeux vers Jason.

— Si quelqu’un d’autre aide Marcus, ce sera de la triche, n’est-ce pas ?

Je me sentais vaguement stupide de parler à une créature qui ressemblait à un animal, mais le regard de ses yeux pâles n’était pas animal. Je n’étais pas sûre qu’il soit humain, mais il n’était pas animal.

Le loup hocha maladroitement la tête.

Le dos de Richard était pratiquement à portée de Raina. Jamil, le lycanthrope noir que j’avais rencontré deux nuits auparavant, l’avait rejointe. Sebastian se tenait déjà à ses côtés. Et merde.

— S’ils trichent, je peux les flinguer ?

— Oui.

Cassandra s’approcha de nous, se mouvant parmi la meute comme un vent tiède et picotant. Pour la première fois, je perçus réellement son pouvoir, et sus qu’elle aurait pu être lupa si elle l’avait voulu.

Je dégainai mon Browning. Ça me faisait bizarre de le tenir dans ma main, comme si je n’en avais pas vraiment besoin. Pour avoir ce sentiment, je devais canaliser plus de la meute que je n’en avais conscience. Dangereusement plus. J’agrippai la crosse de toutes mes forces pour raviver le souvenir de son contact. Ma mémoire sensorielle me le restitua, dissipant en partie l’ivresse du pouvoir.

Je ne voyais pas d’arme, mais Richard présentait son dos à Raina et à Sebastian. Je levai le Browning sans le braquer sur eux. Pas encore. Et je hurlai :

— Derrière toi !

Je vis un spasme agiter le dos de Richard. Il tomba à genoux. Autour de moi, le monde ralentit, comme sculpté dans du cristal. La main de Sebastian remua, accompagnée par l’éclat d’une lame en argent. Déjà, je le visais. Marcus ramena une main griffue en arrière, prêt à lacérer la gorge vulnérable de Richard. J’appuyai sur la détente et tournai mon flingue vers Marcus, mais j’allais être trop lente. Ce serait trop tard.

Le sommet du crâne de Sebastian explosa. J’eus une fraction de seconde pour me demander quel genre de munitions Edward avait fourrées dans le Browning. Son corps commença à basculer en arrière. La main de Marcus s’abattit sur Richard, et Richard propulsa la sienne sous son bras levé. Marcus se figea alors que les griffes de Richard pénétraient dans son ventre et remontaient sous ses côtes. La main de Richard plongea dans son corps jusqu’au poignet.

Je gardai le Browning braqué sur Raina, au cas où elle aurait eu dans l’idée de ramasser le couteau.

Marcus enfonça ses griffes dans le dos de Richard. Richard pressa son visage et son cou contre le corps de son adversaire pour les protéger. Marcus frissonna. Richard s’écarta de lui, retirant sa main sanglante de sa poitrine. Il arracha son cœur encore battant et le lança aux loups. Ceux-ci se jetèrent sur la succulente friandise avec des grognements et des glapissements de plaisir.

Richard s’effondra à genoux près du corps de Marcus. Du sang se déversait à gros bouillons du creux de ses reins, là où le couteau l’avait frappé. Je me dirigeai vers lui, sans cesser de tenir Raina en joue.

— Richard, tu vas bien ? demandai-je en m’agenouillant devant lui, mais sans le regarder.

D’accord, c’était une question idiote, mais qu’est-ce que je pouvais bien dire d’autre ?

— Rengaine ton flingue, Anita. C’est terminé.

— Elle a essayé de te tuer.

— C’est terminé, répéta-t-il.

Il leva la tête, et ses yeux étaient déjà partis. Sa voix se changea en grondement.

— Rengaine-le.

Je dévisageai Raina et sus que si je ne la tuais pas maintenant, je serais obligée de la tuer plus tard.

— Elle ne nous lâchera pas avant d’avoir eu notre peau, Richard.

Soudain, la main de Richard fut là, trop rapide pour que je puisse la voir. Il m’assena une manchette, et mon Browning vola dans les airs. Ma main était tout engourdie. Je voulus reculer, mais il me saisit, refermant ses mains griffues autour de mes bras.

— Plus de morts... ce soir.

Il rejeta la tête en arrière et hurla. Sa bouche était pleine de crocs.

Je ne pus réprimer un cri.

— Chevauche le pouvoir, Anita. Chevauche-le, ou enfuis-toi.

Ses mains se convulsèrent autour de mes bras. Je me laissai tomber sur les fesses et tentai de me dégager en plantant mes talons dans le sol. Richard s’écroula sur moi, trop épuisé pour lutter contre moi ou contre sa transformation. Je ne voyais rien d’autre que la brillance du pouvoir derrière mes yeux.

Si j’avais pu respirer, j’aurais crié de nouveau, mais il n’y avait rien d’autre que la force de son pouvoir qui se déversait hors de lui telle une cascade. Les vagues atteignirent les loups, et aux endroits où elles les touchèrent, de la fourrure jaillit. Richard se métamorphosait, et il entraînait les autres à sa suite. Tous les autres. Je sentais Raina se débattre près de nous. Je la sentais résister au changement. Je l’entendis hurler, mais au bout du compte, elle s’effondra sur le sol et se transforma quand même.

Je m’accrochai aux bras de Richard, et de la fourrure coula sous mes mains comme de l’eau. Des muscles se formèrent et s’étirèrent, des os se brisèrent et se ressoudèrent. Mes jambes et mon bassin étaient coincés sous lui. Un liquide transparent s’écoulait de son corps en une douche presque brûlante. Je hurlai et me démenai pour me dégager. Le pouvoir m’envahit, me remplit jusqu’à ce qu’il me semble que ma peau ne pourrait pas le contenir, qu’elle allait éclater.

Enfin, Richard se releva. Il n’était pas un loup mais un homme-loup, à la fourrure couleur de cannelle et d’or. Ses parties génitales énormes et gonflées pendaient sous lui. Il me fixa de ses yeux ambrés et me tendit une main griffue alors qu’il se redressait sur deux jambes légèrement arquées.

Ignorant sa main, je reculai précipitamment en m’aidant de mes pieds et de mes mains. Je me relevai en titubant un peu et le regardai. Sous cette forme, il était encore plus grand – dans les deux mètres dix à vue de nez –, plus musclé et carrément monstrueux. Il ne restait plus rien du Richard que je connaissais. Mais je savais que ça lui avait fait du bien de libérer sa bête. Je l’avais sentie émerger hors de lui comme un second esprit, une seconde âme, se dépliant, le remplissant et explosant hors de sa peau.

Mon corps frémissait encore du contact avec sa bête. Je sentais encore la douceur épaisse de sa fourrure sous mes doigts, comme un souvenir sensoriel qui me hanterait.

Le corps d’apparence très humaine de Marcus gisait sur le sol aux pieds de Richard. L’odeur du sang frais le traversait, les traversait tous. Je la sentais vibrer à l’intérieur de moi. Je baissai les yeux vers l’homme mort et n’eus qu’une envie : me laisser tomber à genoux pour me nourrir. Dans ma tête, je me vis en train de déchirer sa chair, d’enfouir mon visage dans ses viscères encore chauds. Cela m’arracha à ma fascination morbide et me fit reculer.

Je toisai l’homme-loup. Je toisai Richard et secouai la tête.

— Je ne peux pas me nourrir. Je refuse de le faire.

Quand il parla, sa voix était étrange et gutturale.

— Tu n’es pas invitée. Nous festoierons, puis nous chasserons. Tu peux nous regarder. Tu peux nous suivre, ou tu peux t’en aller.

Je reculai lentement.

— Je m’en vais.

La meute se rapprochait à pas feutrés. La plupart de ses membres s’étaient changés en loups gigantesques, mais parmi eux, je distinguai quelques hommes-loups qui m’observaient de leurs yeux étranges. Je ne pouvais pas voir le Browning que Richard avait fait sauter de ma main. Je dégainai mon Firestar et continuai à reculer.

— Personne ne te fera de mal, Anita. Tu es ma lupa. Ma compagne.

Je fixai le regard froid du loup le plus proche.

— Pour l’instant, je suis juste de la nourriture, Richard.

— Tu as refusé le pouvoir.

Il avait raison. Au final, j’avais paniqué, et je m’étais retenue d’absorber toute la dose.

— Peu importe.

Je me faufilai prudemment entre les loups. Ils ne bougèrent pas. Je sortis de la clairière, de la fourrure jusqu’aux genoux comme si je pataugeais dans une mer de poils. Chaque contact avec un animal vivant me faisait sursauter. La panique montait dans ma gorge, et il me restait assez de pouvoir pour sentir que ma peur les excitait. Plus j’avais la trouille, plus j’avais une odeur de bouffe.

J’avais gardé le flingue dans ma main, mais je savais que s’ils se jetaient sur moi, je serais cuite. Ils étaient trop nombreux. Ils me suivirent des yeux, refusant obstinément de s’écarter et me forçant à bousculer leurs corps poilus. Je compris qu’ils se servaient de moi comme apéritif : ma peur épicerait leur nourriture, le contact de mon corps humain donnerait du goût à leurs proies.

Quand je dépassai le dernier loup, un bruit de déchirure me fit tourner la tête. C’était un réflexe, et je ne pus pas m’en empêcher. Le museau de Richard était levé vers le ciel, dégoulinant de sang, mâchant un morceau de viande que je m’efforçai de ne pas identifier.

Je pris mes jambes à mon cou. Les bois à travers lesquels j’avais glissé si facilement avec l’aide de Richard devenaient tout à coup un parcours du combattant. Une course d’obstacles. Je trébuchai, tombai, me relevai et continuai à courir.

Enfin, j’atteignis le parking. J’avais emmené ma voiture, parce que personne d’autre que moi ne rentrerait à la maison ce soir. Dès le départ, j’avais su qu’ils resteraient ici pour leur banquet au clair de lune.

Edward et Harley avaient tout observé depuis une colline voisine. Je me demandai ce qu’ils avaient pensé du spectacle.

Mortelle Séduction
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